Présentation géographique et historique
- Un peu d'histoire...
La commune de Saint-Suliac est située sur la rive droite de la Rance. Elle formait anciennement une presqu'île ceinturée par un bras de Rance appelé également le Brasde Châteauneuf. Son territoire peu étendu, 507 hectares englobait avant 1850 celui de la Ville-es-Nonais qui devient à cette période une commune indépendante. Le village situé au fond d'une anse se présente en amphithéâtre. Il est encadré au nord par la pointe de Grinfolet et au sud par la pointe du Mont Gareau éperon rocheux naturel d'où l'on embrasse à perte de vue la Rance, ses villages et ses paysages maritimes. C'est également du haut de ce promontoire que se découvre à marée basse, dans l'Anse du Vigneux, un camp fortifié Viking occupé entre 900 et 950 de notre ère. L'origine de cette découverte proviendrait notamment d'une nouvelle lecture de la chanson d'Aquin, écrite au 12e siècle par un personnage de l'entourage de l'évêque de Dol. Ce retranchement constitue une découverte importante identifiable par certains auteurs comme étant la petite cité de Gardaine.
Des peuplements plus anciens sont par ailleurs attestés sur le territoire communal. Des fouilles entreprises par Pierre-Roland Giot ont mis à jour un site préhistorique à Grainfolet. De la période du néolithique subsiste le Menhir de Chablé ou dent de Gargantua. De nombreuses légendes, liées à ces mégalithes survivent toujours, ravivées par la réedition de l'ouvrage d'Elvire de Cerny, Saint-Suliac et ses traditions, Contes et légendes d'Ille-et-Vilaine. Parmi ces récits légendaires s'y trouve également conté un épisode de la vie de Saint-Suliac dans l'histoire de la Guivre ou du serpent. Ce moine gallois a vécu au 6e siècle dans le village qui porte aujourd'hui son nom. Il y meurt en l'an 606 à l'âge de soixante seize ans. La tradition veut que celui-ci repose toujours au bas de la nef de l'église. On lui doit la fondation d'un monastère qui est à l'origine du bourg actuel.
L'église, le village et ses ruelles
Il ne reste plus de vestiges aujourd'hui du monastère fondé par Saint-Suliac. L'église rebâtie au 12 e siècle est donnée à l'abbaye bénédictine de Saint-Florent de Saumur qui y installe un prieuré. Cette église sinistrée au cours des conflits normando-bretons est en grande partie reconstruite à la fin du 13e siècle et au début du 14e siècle. Elle sera de nouveau assiégée pendant les guerres de la Ligue. Les registres paroissiaux relatent une expédition punitive en 1597 par les troupes d'Henri IV composée de huit cents hommes armés et deux navires de guerre pour bombarder l'église où 250 partisans du duc de Mercoeur s'y étaient rassemblés. Une partie du clocher dont la flèche et la tourelle d'escalier furent détruites, le bourg assailli. Les logis regroupés autour de l'église sont construits postérieurement à ce conflit. La majeure partie des habitations repértoriées sont du 17e siècle. Le bourg a peu évolué depuis le premier cadastre de 1809, l'ensemble de son réseau a été maintenu. Une artère centrale abrupte descend au port, s'y grèffent de nombreuses voies perpendiculaires et secondaires. Ces rues très étroites dont certaines sont appelées ruettes font le charme de ce village de Rance avec ses hauts murs maçonnés qui protègent des jardins privatifs.
Une économie mixte
Le recensement de la population en 1851 fait apparaître à cette date une majorité de marins dont une partie embarque pour la haute mer. Quelques paludiers y sont également recensés ainsi que quelques tisserands. Prospères au 17e siècle, les activités liées au tissage du lin et du chanvre et à la vente de produits finis, tels que les bans de toile destinés à la marine à voile, sont devenus au 19e siècle des activités secondaires de subsistances. Quant aux salines de Saint-Suliac, leurs revenus importants au 18e siècle sont déjà en forte baisse, la production de sel est néanmoins attestée jusqu'en 1880. Les terres nous dit Elvire de Cerny en 1861 sont généralement cultivées par les femmes et presque tous les ménages sont propriétaires d'une maison, d'un jardin et de trois à quatre journaux de terre. Cette économie mixte perdurera jusqu'au milieu du 20e siècle. Contrairement à d'autres villages qui se sont developpés avec l'arrivée des estivants, Saint-Suliac restera longtemps un village de marins et de pêcheurs. Des régates y sont toutefois programmées pour une riche clientèle, comme celle organisée les 3 et 4 août 1900 par le marquis d'Audiffret Pasquier en villégiature à Dinard.
Aujourd'hui les bords de Rance sont devenus des lieux de plaisance, et les distractions tranquilles de la navigation à voile, de la pêche à pied, de la promenade et de la découverte ornithologique ont supplantées les activités économiques d'antan.